Jeux Vidéo et Livres-Jeu
- Jérôme Ruffier
- 13 juin
- 3 min de lecture
Petite anecdote.
Vous savez, selon certains, ce qui a tué les Livre-jeux dans les années 90 ? Réponse : les jeux vidéo. En effet, avec l’arrivée massive des RPG et des JRPG en France, surtout depuis l’émergence de la 3D dans nos plaisirs vidéoludiques, une partie des lecteurs se sont débarrassé de leurs livres pour vivre d’autres aventures sur Amiga, Atari, PC, ou autres consoles de jeux (ahhh, la Saturn !!!). Est-ce vrai ou faux ? Honnêtement, on s’en fiche, on ne refera pas le passé, sauf si quelqu’un dans le groupe dispose à sa convenance d’une DeLorean légèrement modifiée.
Le Livre-jeux a connu alors son déclin, de creux en creux, jusqu’à revenir depuis quelques temps pour notre plus grand plaisir. Mais savez-vous que la saga Sorcellerie a grandement inspiré une des licences phares des jeux vidéo ?
En effet, dans les années 80, un petit garçon japonais du nom de Hidetaka Miazaki (par pitié, ne confondez pas avec son homonyme Hayao, vous ne serez pas du tout dans le même univers) s’ennuie ferme. A l’époque, pas de Netflix, de PS5 et encore moins d’internet. Alors notre cher Hidetaka lit. Et pas n’importe quels livres, non, le bambin carbure aux Sorcellerie de Steve Jackson… en anglais. Autant dire que pour notre ami nippon, l’aventure est laborieuse car il ne pige presque rien à ce que ses doigts menus parcourent. Pourtant, une étincelle jaillit en lui. Il sent que quelque chose d’énorme se déroule au fil des pages : s’il comprend le sens général, beaucoup d’évènements lui échappent, ce qui ne l’empêche pas de plonger et replonger sans cesse dans la saga que nous connaissons bien ici. Miyazaki se crée ainsi sa propre mythologie de ses lectures laborieuse pour aboutir plus tard à la saga des Souls, dont le premier est Demon’s Soul, puis les 3 Dark Souls, Bloodborne et enfin Elden Ring.
Dire que la série des Souls est un enfant bâtard des Livre-Jeux est un euphémisme. Lorsque j’ai démarré ma première partie il y a 15 ans (putain…), je n’ai pas aussitôt fait le rapprochement avec notre média favori. C’est avec le premier Dark Souls que j’ai compris la filiation. Le petit Hidetaka, devenu grand, a projeté toute sa frustration d’enfance dans sa série, avec parfois des couloirs retors, des pièges injustes et surtout sa propre façon de voir la saga Sorcellerie avec ses yeux d’enfant non-anglophone. Si on a l’impression de défiler dans un labyrinthe fourbe, digne des pires Livingstone, tout est pourtant sujet à caution : l’histoire est sibylline, vaguement décrite via les objets obtenues, le joueur ne sait pas trop pourquoi il prend les armes et tout se dévoile au fur et à mesure des morts de son personnage. Ce que Miyazaki ne pouvait pas comprendre dans les livres anglais de Jackson, le bougre nous le fait sentir avec ses œuvres.
Mais là, je m’arrêterai, en vous conseillant, si vous êtes joueur, d’investir dans les jeux de From Software (là où bosse notre ami).
En conclusion, si le jeu vidéo a fait du mal à notre loisir favori, il s’est également servi de ce dernier pour se sublimer, rendant ses lettres de noblesse au livres-jeux, et moi je trouve ça cool. Je vous mets un petit lien qui résume un peu la chose et je vous incite à creuser les relations entre Miyazaki et Steve Jackson, vous allez voir que tout s’interalimente (désolé pour le néologisme).
[https://www.gamekult.com/.../cahier-dark-souls-un-jeu...](https://www.gamekult.com/.../cahier-dark-souls-un-jeu...)




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